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F!nesse : “Ce que j’aime dans la musique c’est partager des moments de vie”

Après la sortie de son single Papillon qui a marqué les esprits, nous sommes allés à la rencontre de F!nesse, artiste complexe et talentueux. Son EP Pétricœur, sorti en mars 2021, nous dévoile une toute nouvelle facette de sa personnalité qui nous plonge dans son univers à la fois urbain et jazzy. À mi-chemin entre poète et chanteur, le jeune antillais nous laisse entrevoir un prochain single prometteur.

Peux-tu nous raconter rapidement qui tu es ?

Moi c’est F!nesse, avec un point d’exclamation sur le “i”. Je viens des Antilles, de mère guadeloupéenne et de père martiniquais. J’ai grandi un peu partout dans les DOM entre la Martinique, la Réunion et la Guyane. Mes deux parents étant instituteurs, j’étais plutôt bon en classe mais j’avais le profil du premier de classe qui traîne avec les gars du fond. Je n’avais pas du tout la tête de l’emploi, ce qui a créé une sorte de dichotomie intéressante, et je pense que ça m’a vraiment aidé à me construire.

Peux-tu nous dire qui est F!nesse ?

J’ai toujours grandi dans des quartiers. Je me trouvais donc entre le monde urbain, la street et ma passion pour les lettres, l’art et la culture. Pour moi, toutes ces différences ont contribué a créer un personnage complexe que j’essaie de faire transparaître dans ma musique. Le sujet principal de cette dernière ce sont les femmes, parce que les préoccupations conjugales sont ce qui occupent la majeure partie de notre temps. Et c’est aussi pour moi le domaine dans lequel on ressent les émotions les plus fortes. C’est la passion qui m’anime, et mettre ça en musique c’est la meilleure façon de parler aux gens. F!nesse c’est un personnage que je construis petit à petit, je ne suis pas encore arrivé là où je veux l’amener. C’est pourquoi j’ai d’ailleurs failli refuser l’interview, je ne savais pas si j’étais prêt à parler de mon projet, qui est encore en construction.

Un mot sur ton premier son ?

J’ai commencé par sortir Grande virée, qui était un peu comme un test. C’est un son qui parle beaucoup de ma vibe, de ce que j’écoute en ce moment, comme Playboi Carti par exemple. J’ai un peu tout mélangé dans ce titre et ce n’est pas très connecté avec mes autres sons plutôt dancehall, RnB, jazz, qui représentent davantage mon univers – ou en tout cas l’univers que je veux pour F!nesse. Mais Grande virée m’a permis de voir comment on distribue un son, etc.




As-tu une équipe ou es-tu indépendant ?

Je suis complètement indépendant, je travaille seul ou presque. Les gens qui m’entourent ce sont les petites oreilles du début, ma famille, mes amis proches, qui me donnent leurs avis sur l’audio, l’instru… J’ai aussi un ingé son qui est un pote de pote et une photographe avec qui j’ai pas mal travaillé, qui est aussi une amie d’amis. Je suis entouré de gens très proches, qui sont arrivés dans ma vie un peu par hasard !




D’où est née ta passion pour la musique ? Quelles sont tes inspirations ?

J’ai plein d’inspirations ! Déjà, j’ai grandi avec un père musicien. Il jouait du piano dans un groupe qui mixait jazz et zouk, c’était très expérimental à l’époque et ils ont connu leur petit buzz en Martinique. C’est un style un peu particulier mais j’aime beaucoup. Mon père est aussi très mélomane. Il y a toujours eu du classique, du jazz, des musiques du monde qui passaient à la maison. Il a des goûts très éclectiques donc il écoutait de tout. Ça m’a permis d’être pareil et j’ai pas mal de références jazz comme Ray Charles, Ella Fitzgerald ou encore Nina Simone.
Mon univers s’est construit en deux étapes puisque avant le jazz, j’ai d’abord découvert le rap à la Réunion. J’étais à la médiathèque avec mon père quand je suis tombé par hasard sur un album de Booba, Panthéon, que j’écoutais en boucle. Puis j’ai connu Soprano, 113Des mecs très rap, complètement à l’opposé du jazz. Je crois que j’aimais aussi ça, l’idée de me créer un univers à moi, qui ne venait pas de mon père. Puis ma deuxième phase est arrivée à l’adolescence quand je me suis intéressé aux artistes de chez moi, en Guyane, qui font du dancehall comme Debrouya, Datcha Dollar’z, Kalash aussi en Martinique. Puis vers la terminale, j’écoutais beaucoup de RnB genre Jeremih. Mes textes sont très influencés par ce que j’écoute sur le moment.

Pourquoi le pseudo “F!nesse” ?

Pour moi, la finesse c’est beaucoup de subtilité, de grâce, qui te pousse vers l’excellence. L’élégance à la française en somme. Ça me fait rêver. En arrivant en France, j’ai eu la chance d’habiter dans le 6ème arrondissement de Paris. C’est un quartier que je trouve incroyable, il rassemble ces qualités que je viens d’énoncer et je me suis reconnu là-dedans. C’est d’ailleurs à ce moment-là que j’ai choisi ce pseudo. Puis en anglais, un “finesser” c’est quelqu’un de malin, qui tire profit des occasions qui se présentent. Ça reflète bien mon parcours car mon entrée dans la musique a été très opportuniste, j’ai eu de la chance de tomber sur des gens qui aimaient mon projet et qui l’ont porté avec moi.

Après Papillon, où tu nous montrais une facette de toi un peu crue, bad boy, tu as sorti ton EP Pétricœur, dans lequel on te perçoit plus sensible, fragile. As-tu eu des critiques par rapport à ce changement d’ambiance ?

C’est vrai que j’ai écrit Papillon très cru mais dans ma tête, c’était très imagé. Pour moi, c’est l’histoire d’un mec qui va en boîte, qui rencontre une fille et qui se met à danser avec elle. Le mec devient fou d’elle, il en oublie la bienséance, il veut juste profiter et il est emporté par la frénésie du moment. Mais finalement, j’ai plus peur de sonner cru que de sonner intime parce que je trouve que la vulgarité est très compliquée à manier. Je craignais la façon dont le morceau allait être perçu. Finalement, je crois que le message est bien passé. Dans Pétricoeur, j’ai une approche totalement différente. Ce sont des sons que j’ai écrit dans le creux de l’hiver, très spleen parisien, dans une ambiance plus RnB que dancehall. C’est un EP que j’ai voulu intimiste, où j’ai essayé de me raconter de façon intime sans parler explicitement de ma vie personnelle. Ce que j’aime dans la musique c’est faire passer des émotions, partager des moments de vie. 




Peux-tu nous parler de Pétricœur ?

L’EP n’est pas très structuré sur le plan musical, ni sur le plan narratif. Chaque son est attribué à une fille différente, à des moments différents. Il n’y a rien qui les lie sinon les sentiments qui sont exprimés dedans, les émotions qui y transparaissent. L’EP débute avec Amer où j’imaginais des petits nuages et une pluie fine qu’on entend d’ailleurs dans le son. Puis Ne reviens pas après la pluie c’est un déluge et Sur toit c’est de la neige. Ce dernier son est d’ailleurs la quintessence de l’EP, c’est le morceau dans lequel j’ai mis le plus de moi. Finalement, je pense que ce projet va rester une parenthèse. Il répondait à un besoin d’expression précis qui est passé depuis. Ce n’est plus vraiment ce que j’ai envie de véhiculer.




Quel est le morceau dont tu es le plus fier ?

Je pense que c’est Papillon parce que j’ai réussi à y mettre une vibe que j’aime beaucoup. C’est aussi celui qui a le mieux marché pour des raisons pragmatiques : c’est entraînant, il y a une bonne vibe et il est assez unique. Et ça, j’en suis très fier !

Comment te vois-tu dans 10 ans ?

Je suis à la croisée des chemins là, je pourrais arrêter l’école et tout plaquer pour la musique. Mais je n’ai pas un très grand goût du risque donc j’attends que ça marche vraiment avant d’envisager me lancer complètement dans la musique. Dans 10 ans, je serai donc soit dans mon bureau, dans une tour en verre un peu morne, soit au studio tous les jours pour me produire moi ou des artistes que j’aurai trouvé.

As-tu des projets pour bientôt ?

En ce moment, je travaille sur un single qui va revenir dans la vibe de Papillon. J’ai l’idée, l’atmosphère, mais c’est très difficile de donner la forme exacte que je veux pour le morceau. Au fond, c’est le travail de tous les artistes. Quand on est dans l’exercice de la création, on est toujours en train de se demander: “Est-ce que c’est vraiment ça que je veux faire ? Est-ce la direction que je veux prendre ?”. Mon prochain single aura des sonorités très afro, et en même temps dancehall. Au fond, je pense que c’est la direction que je veux pour F!nesse. Petite exclu : il s’appellera BM pour “Belle Madame” ou juste Madame, je ne sais pas encore. J’envisage aussi de faire mon premier clip sur ce son !

Le mot de la fin ?

Luxure et Caraïbes !

 

Retrouvez F!nesse sur son compte Instagram.

Propos recueillis par Hanaé-Marie Taquet

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